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Utilisation du mot "école" par les médias

  Je voudrais évoquer ici une question sémantique, un abus de langage, une ambiguïté, d’abord source de malentendus et de confusions, mais surtout qui freine ou empêche une bonne perception de la réalité d u premier degré . Je veux parler de l’utilisation du mot « école » par les médias et les acteurs politiques pour désigner l’ensemble des niveaux d’enseignement, de la maternelle au lycée. Il existe pourtant quatre mots ou expressions distincts pour chacun des quatre niveaux : école maternelle, école élémentaire, collège, lycée. Leur utilisation systématique pourrait facilement résoudre le problème. En fait, si les médias et les politiques utilisent le mot « école » pour l’ensemble des quatre niveaux, c’est que bien souvent, en non-spécialistes, ils ne souhaitent pas distinguer les niveaux, et préfèrent exprimer leurs points de vue de façon globale, pensant – à mon sens à tort – que les problèmes sont peu ou prou les mêmes et qu’il suffirait de les décliner, laissant cette t

Ma perception personnelle de l'évolution du métier d'enseignant du premier degré sur la période 1982-2020

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Le  niveau  baisse. Incontestablement. Je laisse la charge de la preuve à ceux qui oseraient encore prétendre le contraire. Le  statut social de l'enfant  a créé des enfants-rois pour lesquels la bienveillance est un dû.  (voir le pédopsychiatre Aldo Naouri ) Les  parents d'élèves  ont acquis un réel pouvoir à l'école et s'en sont emparé. Le nombre de familles en  difficulté sociale   augmente. La  précarité   a gagné du terrain. Les inégalités se creusent. Les  écrans  envahissent nos vies, et nos écoles, inexorablement. Les  élèves d'aujourd'hui parlent beaucoup plus  que ceux d'autrefois.  La parole s'est libérée. Les élèves se sentent à l'aise à l'école, ils y sont "comme à la maison", mais en plus, ils s'y retrouvent entre copains. Ils y passent plus de temps que les adultes : accueil périscolaire, cantine, et CLSH dans l'école... L'école est devenu leur territoire où l'adulte n'est plus qu'un int

Savoir ou ne pas savoir

Savoir, c'est d'abord savoir que je sais. Si j'ai un doute, c'est que je ne sais pas.  Notions de certitude, de probabilité, d'hypothèses... Il est très important d'enseigner ce que signifie savoir. C'est de la méta-cognition : du savoir sur le savoir. Lu dans un document institutionnel ( Repères pour le CE1 2020, Guide pour le professeur ), document des consignes de passation pour l'évaluation nationale de rentrée, p. 21, consignes pour l'exercice 8 de mathématiques : « …/... Maintenant que vous avez compris, vous allez continuer seuls. Si vous ne savez pas, vous n'entourez rien et vous continuez. Si vous savez un petit peu , entourez ce que vous savez , même si vous n'êtes pas sûrs . .../... ». (C'est moi qui met en italique et en gras.) Si la formulation proposée «  un petit peu » est compréhensible, eu égard au jeune âge des enfants de CE1 , la notion elle-même de savoir partiel, e n revanche, interpelle davantage. E st-il possibl

Politiques éducatives en France

Quand je réalise que les politiques éducatives en France sont mises en place par des gouvernements français qui sont en réalité pieds et poings liés par l'Union Européenne ou l'OCDE, et donc par des gens qui sont capables d'écrire ça : "On peut recommander de nombreuses mesures qui ne créent aucune difficulté politique. Pour réduire le déficit budgétaire, une réduction très importante des investissements publics ou une diminution de fonctionnement ne comportent pas de risque politique. Si l’on diminue les dépenses de fonctionnement, il faut veiller à ne pas diminuer la quantité de service, quitte à ce que la qualité baisse. On peut réduire, par exemple, les crédits de fonctionnement aux écoles ou aux universités, mais il serait dangereux de restreindre le nombre d’élèves ou d’étudiants. Les familles réagiront violemment à un refus d’inscription de leurs enfants, mais non à une baisse graduelle de la qualité de l’enseignement et l’école peut progressivement et ponc

Expérience de décloisonnement adossé à un PPRE

État des lieux : 29 élèves dont 20 CE2 et 9 CM1. Plus de garçons que de filles. Les résultats des évaluations diagnostiques de septembre, réitérées à l’identique en octobre, ainsi que trois mois d’observation quotidienne des élèves, ont mené au constat suivant :  CM1 : 6 élèves en difficulté (dont 2 n’ont même pas le niveau CE2.) 3 élèves au niveau attendu (de moyen- à moyen+) CE2 :  9 élèves en difficulté (dont 4 n’ont même pas le niveau CE1, soit en français, soit en maths, soit dans aucun de ces deux domaines.) 11 élèves au niveau attendu (de moyen à fort) Soit en résumé, 15 élèves en difficulté sur 29, soit plus d'un élève sur deux ! Et parmi ces 15 élèves en difficulté, 6 au moins qui ont des retards si importants, que même dans la classe inférieure, ils restent en difficulté importante. Difficultés dues à des problèmes sociaux graves, psychiatriques lourds, événements familiaux tragiques, trajectoires de vie chaotiques ... Je ne suis pas qualifié pour en parl

Découverte d'un genre musical : le rap

Le 29 novembre, il y a tout juste deux jours, l’Unesco a fait entrer le reggae au patrimoine culturel immatériel de l’humanité. L'Unesco a inscrit le reggae jamaïcain au patrimoine culturel immatériel de l'Humanité, ce jeudi 29 novembre. Il y rejoint le fado, le tango ou encore le flamenco.  Une inscription motivée par  "sa contribution"   à la prise de conscience "sur les questions d' injustice , de  résistance , d'amour et d'humanité" et sa dimension "à la fois cérébrale,  socio-politique , sensuelle et  spirituelle ", explique l'Unesco On en a moins parlé, mais la veille, le mercredi 28 novembre, un autre genre musical, le rap, avait fait son entrée dans l’offre d’actions de formation de la circonscription de ma ville. En organisant un projet culturel autour du rap, l’ É ducation nationale n’est-elle pas en train de se tirer une balle dans le pied ? Est-ce à l’école d’offrir un tremplin, une tribune à un genre musi